Diversifier son entreprise : mettre en place un programme test

Six mois après avoir mis en place les débuts d’une diversification dans la pierre taillée, l’entreprise de restauration de monuments historiques Léon Noël récolte ses premiers fruits : « Nous avons été retenus par les champagnes René Jardin Dufour et sommes intervenus sur des domaines privés, comme le château d’Armentières. Nous avons des projets à l’échelle de l’Hexagone, en particulier dans le sud, sur la Côte d’Azur, en synergie avec les autres filiales (*) du groupe », indique Nicolas Goullioud. Directeur, à 35 ans, de l’une des quatre agences Léon Noël, près de Troyes, ce technico­commercial de formation est rentré voici six mois dans l’en􀅞prise familiale (88 personnes) avec une mission : développer l’activité maçonnerie de pierre pour faire face à la baisse générale d’activité enregistrée par toute la filière monuments historiques. Un marché qui représenterait entre 2,5% et 5% du secteur de la construction de maisons individuelles (neuves).
L’Aube a été choisie comme terre d’élection, car y réside une clientèle de vignerons très sensible aux beaux ouvrages de pierre. Par la suite, cette opération « cheval de Troyes » est supposée faire boule de neige : « J’ai créé une structure souple en vue de mettre en place un programme pour l’ensemble du groupe », indique l’ancien responsable d’une petite entreprise du secteur.

Pour Léon Noël, qui compte parmi ses références l’abbaye de Clairvaux ou la cathédrale d’Amiens, passer de la réfection des flèches… l’habillage de maisons individuelles ne représente pas de difficulté technique. Son vrai défi est ailleurs : mettre en place une véritable culture de services.

Développement à l’international

« Nous avons défini les caractéristiques de nos produits de tout ouvrages maçonnés à partir de moellons bruts (taille manuelle, éclatée, brochée …) – sans rien changer à l’organisation de nos chantiers, assure Nicolas Goullioud. En revanche, nous avons musclé notre démarche commerciale. Nous proposons aux particuliers une visite de notre atelier sous l’égide de l’appareilleur. Ce responsable de la logistique m’accompagne aussi dans chacun de mes déplacements auprès des clients. »

Autre originalité de la démarche : la même équipe est chargée de développer ce segment de la pierre taillée à l’international, en particulier aux Etats-Unis, en Grande-Bre­tagne et en Suisse. « Notre objectif est l’exportation régulière, sans support marketing, par le biais d’un cabinet d’architectes franco-américains. Nous espérons ensuite trouver un partenaire local dans le secteur de la construction, à l’extérieur de notre filière, dans le but de réaliser d’ici à trois ans du transfert de technologie-formation à nos métiers puis soutien technique ». A terme, Léon Noël espère réaliser une activité en pierre taillée aux deux tiers à l’export.

MARIANNE VERMERSCH

(*) Sele, Soporem, les Métiers du Bois, Normandie Rénovation, Jacquet.
  • LE PARI : DÉCROCHER ET EXÉCUTER DES CHANTIERS EN PIERRE TAILLÉE DE 7000 € À 3 MILLIONS D’€.
  • LES MOYENS : 20 COMPAGNONS, UN PARC MATÉRIEL IMPORTANT (DÉBITEUSES, ÉCLATEUSES DE PIERRE, HÂVEUSE…), UN BUDGET ANNUEL DE COMMUNICATION DE 45 000 EUROS.
  • L’ENJEU : SÉDUIRE UNE NOUVELLE CLIENTÈLE DE PARTICULIERS AISÉS.
MARIANNE VERMERSCH

Crédit photos : Vincent Leloup, Le Moniteur - 8 mars 2002